Cette fois Zoé Brisby nous emmène à Hollywood en 1932. Les temps sont durs pour le Théâtre qui perd son public au détriment du Cinéma. Elle nous montre les dessous sordides de la machine, l’envers du décor. Derrière les strass et les paillettes il y a les mesquineries, les jalousies alors qu’il y a bien assez de place pour tous, les abus physiques et moraux des tout puissants réalisateurs, le droit de cuissage, la précarité des emplois, les mariages arrangés…

Ce portrait sans fard rappelle l’univers de « Les sept maris d’Evelyn Hugo » de Taylor Jenkins Reid. Une même lucidité cruelle sur l’envers du mythe hollywoodien.

Hollywood, cet orgre qui tue ses enfants.À grand brasier ou à petit feu, personne n’en ressort totalement indemne. Chacun y perd un peu de soi, au nom de son art et de notre divertissement.

Chaque jour des jeunes filles plein d’espoir affluent vers la capitale du cinéma, les rêves plein la tête, les étoiles dans les yeux, espérant être la prochaine star, la grande révélation qui éclipsera toutes les autres.

Mais comme le dit le personnage de Maggy quand on rêve grand, on tombe de haut.

Quelques unes percent, il est vrai, grâce à la chance ou au travail ou encore au sacrifice perpétuel de leur corps. Mais la plupart perdent, dans l’anonymat total, leurs illusions, leur dignité, leur virginité, leur vie.

Le livre démarre avec une scène douloureuse. La comédienne Peg Entwistle veut se suicider. On suit sa longue ascension vers les lettres géantes « Hollywoodland ». C’est de là qu’elle veut se jeter dans le vide.

Puis, l’auteure nous ramène dans le passé. Chapitre après chapitre elle égrène les éléments qui ont conduit la jeune actrice de 24 ans à prendre cette décision funeste. Un chapelet de déconvenues, de sabotages, de pertes….

Ici aussi Zoé Brisby reprend les ingrédients qui ont fait le succès de « La double vie de Dina Miller », une histoire de fiction brodée à partir de faits réels (une Peg Entwistle s’est vraiment suicidée en 1932 de cette façon), des chapitres courts, des titres percutants.

Encore une œuvre de belle facture pour l’écrivaine. Avec ce nouveau roman, elle confirme une fois de plus son talent pour raconter l’histoire des oubliés de l’Histoire, avec simplicité et émotion.Je lirai bien son autre livre « Les mauvaises épouses » qui a donné le ton à ce style.